Il me semble que le tableau-relief fait partie d'un art fondé sur l'équilibre engendré par la mise en rapport de surfaces, de lignes, et de couleurs quant à leur quantité et leur direction.
Le déroulement de la réalisation d'un tel tableau se fait en deux phases principales :
- La réalisation du support, avec ses creux ou reliefs
- Le « traitement » proprement dit du support
Le rapport entre ces deux phases est source de tension et de dynamisme. De ce fait on peut jouer sur l'instabilité ( voir les contradictions) des lignes et des « gribouillis » ainsi que des effets de profondeurs ou d'aspérités données par la superposition de plans, d'ombres portées et de transparence.
Je peux dire que le relief est un véritable lieu d'affrontement. Il est pour moi semblable à un champ de forces activé par les usages simultanés de matériaux divers, de surfaces diverses (colorées ou non, peintes, etc.), de lignes multiples ( courbes, droites, crayonnées, grattées, gravées...).
Avec le relief, nous sommes devant une sensation physique de l'espace.
Le tableau-relief offre à mon sens une double lecture :
- L'une qui serait picturale, bi-dimensionnelle et d'appréhension frontale
- L'autre qui se rattacherait à l'univers tri-dimensionnel et assimilerait le tableau à une maquette évoquant l'architecture ( le plan , la construction, la ruine ...)
Le rapport entre les deux offre des possibilités illimitées d'appréhension de l'espace. A mon sens, cette confrontation de deux mondes différents pouvant se rejoindre ou se disjoindre est source d'énergie, de rythme, de mouvement .
Je crois que l'on peut parler ici de « poésie énergétique de l'espace »